Un peu d’histoire

Première période (1940-61), par Eric Grossenbacher (Ricous)

Philosophie

Dans le journal de Tramelan, « Le Progrès » du 4 février 1939, il est écrit (auteur inconnu) : « Le jeu du hockey sur glace exige de la part de celui qui le pratique une somme incroyable de qualités, tant physiques que psychiques : vigueur, endurance, adresse, rapidité et, brochant sur le tout, une intelligence sans cesse en éveil ».

Membres fondateurs

Le 3 avril 1940, les personnalités suivantes, 18 au total, ont fondé le H.C. Tramelan (entre parenthèses, âge des joueurs) :

Albert Voumard (32), Louis Benoit « Loulou » (15), Francis Bruat, Albert Gagnebin « Cabet », Pierre Gagnebin « Pétard » (17), André Gerber « Buser » (20), Francis Guédat (20), Georges Hasler « P’tit Georges » (19), André Jeandupeux « Doubas » (17), Daniel Landry « Doudi », Jean-Werner Nicolet « Le Gros » (19), Raoul Nicolet « Roulotte » (17), Roger Perrin « Petchu » (16), Serge Vuille « Le long Vuille » (17), Germain Vuilleumier « Kémin », Jean Vuilleumier « Grabon » (17), Roger Vuilleumier « Badrutt » (20), Jean Vuilleumier-Wyss (21)

Moyenne d’âge des joueurs : 19 ans !

Première équipe, premier match   (1940)

C’est avec eux que tout a commencé… sur la glace. Ils sont habillés en orange, cuissettes noires et le HCT, noir aussi, sur la poitrine. C’est Albert Voumard « L’Albert », premier président, premier entraîneur, qui avait conseillé ces couleurs, l’orange et le noir. « Ces couleurs, dans le soleil, la glace et la neige auront le plus bel effet… » – dixit Albert Voumard.

Après le match inaugural, perdu honorablement sur le score de 3 à 5 contre La Chaux-de-Fonds  I (qui jouait en bleu foncé), l’équipe tramelote s’est alignée sur le côté ouest de la patinoire, dos contre la lumière ! Ils ont 19 ans d’âge moyen. Roger Perrin, le gardien, a joué tout le match avec un bandeau sur la tête : un puck l’avait atteint en plein front à l’échauffement. Un puck envoyé bien involontairement par son coéquipier  Pierre Gagnebin.

Serge Vuille « Le long Vuille » fut le premier Tramelot à marquer un but pour les « Orange et Noir », suivi bientôt par ceux de Raoul Nicolet et Louis Benoît « Loulou » (15 ans !).

Si ce match fut le premier en date pour l’équipe de Tramelan, ce le fut aussi pour moi : j’avais 8 ans. Ô comme j’aimerais revoir cela !

Le rink de hockey sur glace

Le hockey sur glace se pratique sur une surface rectangulaire bien délimitée, de 60 m sur 30.  Délimitée oui, mais comment ? Au début, dès les années 40 à Tramelan, le rink était composé de poutres en bois d’à peine 25 cm de hauteur. Ces poutres étaient fixées bout à bout à l’aide de clameaux de fer. Le rink était monté pour une partie, et démonté sitôt le match terminé.

Patinoire naturelle de Tramelan : La photo date d’après 1942 (année de l’installation de l’éclairage électrique), car on aperçoit trois des quatre poteaux de cet équipement. Le rink à poutres ajustées est très bien rendu par la photo. A noter la vue en perspective cavalière des spectateurs alignés le long de la rue de la Promenade, et celle des skieurs également !

Il fallut attendre la saison 1953-1954 pour voir la patinoire de Tramelan équipée de hautes bandes (env. 120 cm de hauteur). Une première pour des patinoires à glace naturelle dans le Jura bernois.

L’attente de la glace

Comme la « Pati » n’offrait que de la glace naturelle, il fallait impérativement attendre les « grands froids » de décembre, voire de janvier…

En 1940, il n’y avait que 5 patinoires artificielles non couvertes en Suisse : Dolder de Zurich (1931), Monruz Neuchâtel (1932), Ka-We-De de Berne (1933), Sankt-Margrethen de Bâle (1934), Montchoisi Lausanne (1938) !

A remarquer qu’à cette époque, les patinoires à glace naturelle de Davos (1’558 m d’alt.) et Arosa (1’775 m) favorisèrent longtemps les hockeyeurs de ces deux localités, car ils truffèrent les titres nationaux  des championnats de hockey sur glace jusqu’en 1958 ! De 1929 à 1948, Davos, grâce à la Ni-Sturm (Bibi Torriani, Hans et Pic Cattini) fut un champion suisse de classe, bientôt relayé par Arosa (grâce à Hans-Martin Trepp et les frères Ueli et Gebi Poltera) qui alignèrent 7 titres de champion suisse, de 1951 à 1957. A noter cependant que le C.P. Zurich, en 1949, avec l’aide de sa Er-Sturm (Heini Lohrer, Herbert et Charly Kessler) fit une brèche dans la série impressionnante des succès de Davos.

De là à dire que « ce sont les grands joueurs qui  font les grandes équipes, et non le contraire, il n’y a qu’un pas ! »

Les Tramelots allaient à l’étang de la Gruyère, à la Marnière, car là, à 1’000 m d’altitude, la glace arrivait en tout premier. Bien avant Tramelan, où la patinoire, la « Pati », avoisinait les 900 m d’alt. En météo, 100 m de différence, ça compte.

Mais alors, quand la glace faisait son apparition dans le Jura pour les hockeyeurs, ils en profitaient au maximum. Au point que plusieurs matchs dans une seule journée ne leur faisaient pas peur, bien au contraire.


Par comparaison

Si en 1940 il y avait 5 patinoires artificielles en Suisse, en 2017 et à moins d’une heure en voiture de Tramelan pris comme centre, on compte 10 patinoires artificielles couvertes :

Neuchâtel (1932), La Chaux-de-Fonds (1953), Bienne (1958), Le Locle (1959), Saint-Imier (1960), Moutier (1961), Saignelégier (1985), Tramelan (1986), Porrentruy (1973), Delémont (2012)


Avant de jouer au hockey, au temps des pionniers, il fallait préparer la glace !

Passer des heures à « racler » la future surface glacée, passer des heures à gicler, y passer des nuits entières, c’était le lot de tout joueur de hockey.

Ou encore tasser la neige avec nos skis, quand la neige n’était pas trop profonde, puis recommencer à gicler, ou l’enlever avec des traîneaux (« glisses ») tirés par des chevaux (comme en 1949) alors qu’il était tombé 70 cm de neige fraîche sur la glace !

Nous fûmes aussi le témoin de voir tous ces efforts d’une nuit fondre « comme glace au soleil » le lendemain, le redoux (ennemi des patineurs à glace naturelle !) ayant fait son apparition. Et de scruter le ciel, et d’attendre avec impatience une nouvelle arrivée du froid. La température devait impérativement descendre au-dessous de 0o Celsius pour tout recommencer… sans garantie aucune du succès espéré : avoir de la glace.

Quand les enfants pouvaient patiner, ils le devaient à des bonnes volontés qui passèrent un temps considérable à « faire » la glace. Chaque hockeyeur, pour pouvoir jouer une partie de hockey, devait le mériter.

Mais, et surtout, il ne faudrait pas oublier de mentionner les « Maîtres de glace » qui l’ont confectionnée en véritables professionnels, de 1940 à 61 : Edwin Chopard, René Béguelin, M. Luczack, M. Hirt, M. Pidoux, M. Noirjean, M. Oberli, René Studer. Et quelle gentillesse de leur part !

Mais, quand la glace était présente, c’était le bonheur !

Nous, les gosses, des années 40 …

Nous n’étions pas gâtés, mais alors pas du tout, concernant et les patins, et les cannes de hockey. Les patins ? Des « arrache-talons », appelés ainsi à cause de leur fixation à nos chaussures de ski. Deux crochets activés par l’arrière à l’aide d’une clef s’enfonçaient sous les talons des chaussures… Souvent, le talon se détachait de la chaussure ! Deux pinces latérales assuraient l’avant du patin. Pour patiner sur la neige tassée de la rue, l’aiguisage des patins n’avait pas grande importance. Mais quand on passait de la neige tassée de la rue à la glace de la patinoire, on ne tenait plus debout ! Il fallait absolument aiguiser nos patins.

Question canne de hockey, la forêt nous fournissait les branches d’arbres qui avaient l’allure coudée d’une canne de hockey. Encore fallait-il tailler la branche pour l’aplatir. Ainsi, nous étions parés pour le hockey de rue, la « Ligue de garage » comme disent les Canadiens.

Pourtant, qu’on ne s’y méprenne pas : ne raillons pas le hockey de rue ! Wayne Gretzky, le fameux No 99 canadien, n’a-t-il pas dit : « C’est dans la rue que j’ai appris à jouer au hockey ! Aucun entraîneur ne m’a appris l’art du hockey sur glace ! »

L’entraide, entre les clubs, n’était pas un vain mot

L’entente la meilleure régnait entre les clubs. Comme la glace n’était pas au rendez-vous sur commande, il fallait profiter de chaque période froide. De là à créer maintes coupes, pourquoi pas ? Cela permettait aux clubs du Jura bernois et neuchâtelois de jouer plusieurs parties en une seule journée. Tant qu’à faire, ils « bouffaient » littéralement de la glace quand elle était là. Ainsi, plusieurs coupes virent le jour :         à St-Imier (Coupe du Jura), à Reuchenette (Tournoi de Reuchenette), à Corgémont (Tournoi du Vallon), aux Brenets (Coupe du Doubs), à Tramelan (Tournoi COOP)

La rage du hockey… Quelques exemples

1941-42  « Coupe du Doubs », aux Brenets (4.1.42), 3 matchs en un jour !

Le Locle – Tramelan  0 – 2        
St-Imier – Tramelan  0 – 2
Les Brenets – Tramelan 3-1 (finale jouée immédiatement après la partie contre St-Imier…)

1945-46  « Tournoi  COOP » à Tramelan (2.1.46), 2 matchs en une seule journée :                                                         

Tramelan – Les Brenets  0 – 0 
Tramelan – St-Imier  2 – 1 Finale (St-Imier, équipe de Série A, Tramelan, équipe de Série B)

Note : Série A anciennement  = 1ère ligue actuelle                             
            Série B anciennement  =  2e   ligue actuelle

A remarquer qu’il n’est pas question de formuler une quelconque équivalence en valeur pure. Il est impossible de comparer la valeur des équipes à des époques différentes.

1946-47  « Tournoi COOP » à Tramelan (2.1.47), 2 matchs en un seul jour :

Tramelan – Les Brenets  3 – 0                                            
Tramlan – St-Imier  5 – 1 Finale (St-Imier, équipe de Série A ; Tramelan, équipe de Série B)

1946-47  « Coupe du Jura » à St-Imier (5.1.47), 2 matchs en un jour :

St-Imier – Tramelan  4 – 2
Bienne – Tramelan   2 – 4  (Tramelan terminera 3e du tournoi, St-Imier remportant la victoire en finale contre Länggasse de Berne)

1946-47  Parties amicales jouées à Tramelan, 2 matchs le même jour (26.1.47) !

Tramelan – Bienne  4 – 3 
Tramelan – La Chaux-de-Fonds  1 – 6

1947-48   Hiver exceptionnel : pas un seul match à Tramelan (928 m d’altitude) ! Il y eut inversion de température, froid dans le fond des vallées, chaud dans le haut Jura ! L’air froid étant plus lourd que l’air chaud s’était accumulé dans le fond des vallées, sans échappatoire. C’est ainsi que le H.C. Tramelan (Série A) alla jouer deux parties le même jour, à Courrendlin (436 m d’alt.) et Delémont (410 m d’alt.), deux formations de Série B :

Delémont – Tramelan     1 – 9                                                   
Courrendlin – Tramelan  1 – 8                                           

1948-49  « Coupe du Jura » à St-Imier, deux matchs en 1 jour :

Le Locle – Tramelan  1 – 4
St-Imier – Tramelan   3 – 0  Finale… Tramelan eut 20 minutes de repos entre les deux parties !

1949-50  « Tournoi COOP » à Tramelan (29.1.50), 2 matchs en un seul jour pour le H.C. Tramelan…

Tramelan – Blue Star Lausanne  1 – 3
Tramelan – L’Auberson (Ste-Croix)  3 – 1

… mais 3 matchs pour Gérald Hasler « Didi » et Eric Grossenbacher « Ricous » qui jouèrent la finale dans l’habit du Blue Star de Lausanne contre Petit-Huningue (Bâle) !

Petit-Huningue – Blue Star  7 – 1  (c’est d’ailleurs le duo « Didi » – « Ricous » qui marqua le but de Blue Star…)

Note : Blue Star de Lausanne se déplaça à Tramelan avec seulement 9 joueurs. Ils demandèrent au H.C. Tramelan de leur en prêter deux pour jouer la finale. D’accord répondit le H.C. Tramelan, mais à vous de choisir les deux joueurs ! Blue Star choisit et « Didi » et « Ricous ». Trois matchs pour ces deux Tramelots !

1950-51  « Tournoi du Vallon » à Corgémont (14.1.51), 2 premiers matchs pour le H.C. Tramelan :

Reuchenette – Tramelan  7 – 2
Sonceboz – Tramelan  4 – 6

Plus un autre match à Moutier, en soirée, le 3e !

Moutier – Tramelan  1 – 5

Note : Le H.C. Moutier  avait prévu un match contre une équipe bâloise… équipe qui se désista au dernier moment. Comme les annonces de match avaient été faites, Moutier demanda à Tramelan de venir remplacer l’équipe bâloise défaillante. « Si vous venez, nous payons le souper à toute l’équipe ! ». Nos dirigeants nous demandèrent si nous étions d’accord d’aller à Moutier en soirée pour une 3e partie le même jour…

  • D’accord, criâmes-nous tous en cœur !

Promesse tenue par le H.C. Moutier. A l’Hôtel de l’Ours, on nous servit des côtelettes de porc avec des macaronis. Les côtelettes étaient si grandes qu’elles recouvraient presque entièrement l’assiette !

1952-53  « Tournoi COOP » à Tramelan (4.1.53), 2 parties le même jour :

Tramelan – Binningen  5 – 7                                               
Tramelan – Reuchenette  3 – 5 (en finale, Binningen battit Reuchenette  5 – 4)

Mais auparavant, Tramelan joua en amicale:

Tramelan – Längasse BE  5 – 1  (le 2.1.53)                       
Tramelan – Rheinfelden  6 – 2  (le 3.1.53)

Quatre matchs en 3 jours !

1952-53 Tournoi de Sonceboz (15.2.53), 2 parties en 1 jour

Corgémont – Tramelan  4 – 1
Young Sprinters III (Neuchâtel) – Tramelan  1 – 8

Young Sprinters III jouant en orange et noir, Tramelan s’aligna avec sa « camisole » bleue… A remarquer le casque en cuir (casque de cycliste) d’André Gerber. La plupart des joueurs jouait sans casque à cette époque.

1958-59  « Tournoi de Reuchenette » (1.3.59), 2 parties d’affilée !

Corgémont – Tramelan  5 – 4
Reuchenette – Tramelan  5 – 2

A remarquer, l’équipement de Tramelan II de Roger Burri, avec les trois grandes lettres HCT du premier maillot de l’équipe 1940 !

Pour les joueurs de hockey à glace naturelle, il existait une sorte de rage, « jouer au hockey », dès que la glace faisait son apparition dans le Jura. Il fallait profiter de la glace quand elle était présente, car le temps pouvait changer du tout au tout en une nuit.

Le redoux était craint comme la peste…        Le redoux ? L’ennemi No 1 du hockeyeur !


Des championnats de misère, dans les années 40 …

Oui, c’était bien des championnats suisses de misère, le mot n’est pas usurpé. Des championnats à deux, trois, quatre parties, voir une seule… ; c’était le pensum durant un hiver entier ! On peut le comparer sans peine aux play-offs de l’ère moderne du hockey, quand il ne reste plus qu’une ou deux parties finales. C’est dire la tension qui régnait à chaque match, car nul ne savait s’il y aurait une partie suivante, vu les caprices de la météo. En somme, les clubs étaient victimes d’un mode play-off dont ils se seraient bien passés. 


Fin 1946-47, Tramelan accède à la Série A !

L’équipe du H.C. Tramelan, vu ses excellents résultats en Série B, accède à la Série A sans match de barrage contre le dernier de Série A (selon la coutume) :

Roger Perrin « Petchu » (23 ans) ; Raoul Châtelain « Coin » (20), Roger Vuilleumier « Badrutt » (27) ; Jean Vuilleumier « Grabon » (24), Gilbert Châtelain « Lélec » (21) ; Georges Hasler « P’tit Georges » (26), André Gerber « Buser », Capitaine (27), André Jeandupeux « Doubas » (24) ; Adrien Doriot « Diyen » (21), Gérald Hasler « Didi » (18), Jean Streiff (22) ; Gérald Rossel « Cradzet » (20)

Cette équipe du HCT a affronté le vendredi 3 janvier 1947 le Podoli Stadion de Prague, une équipe tchèque de 1ère Division en tournée dans le Jura bernois. Les Tramelots ont joué en jaune canari (équipement des Brenets…) car le Podoli Stadion jouait en… orange et noir !

A cette occasion, la patinoire de Tramelan établit un joli record : 1’100 spectateurs…

Le Podoli Stadion en exhibition dans le Jura bernois :

St-Imier – Podoli Stadion (Prague)  0 – 15
Reuchenette – Podoli Stadion  3 – 9                            
Tramelan – Podoli Stadion  0- 12

A noter que cette équipe tchèque s’alignait avec Vaclav Rozinak, joueur de l’équipe nationale, championne du monde 1947, devant la Suède.

Champions du monde Tchécoslovaquie Miroslav Bouzek, Jaroslav Drobný, Jaroslav Jarkovský, Stanislav Konopásek, Josef Kus, Bohumil Modrý, František Pácalt, Miroslav Pokorný, Václav Roziňák, Miroslav Slama, Karel Stibor, Vilibald Šťovík, Ladislav Troják, Josef Trousílek, Vladimír Zábrodský
Entraîneur : Mike Buckna

J’eus l’occasion de voir jouer Jaroslav Drobny comme tennisman (il gagna Wimbledon 1954), à Gstaad aux Internationaux suisses de tennis en 1956 et 1957.

1947-48 (Hiver doux à Tramelan)

Pas de glace à Tramelan ! Le H.C. Tramelan organisa un voyage à Zurich le dimanche 15 février 1948 pour assister à un match au Dolder entre la Suisse et les Etats-Unis d’Amérique (qui venaient de terminer les Jeux Olympiques d’Hiver de St-Moritz qui se déroulèrent du 30 janvier au 8 février 1948).

Le HCT avait bien fait les choses. A Zurich, on se donna rendez-vous à la Brasserie Hürlimann, proche de la gare, où nous fûmes reçus par Herbert Kessler « Hertli », un ancien joueur de la fameuse ligne d’attaque du C.P. Zurich (champion suisse en 1946), la Er-Sturm (Heini Lohrer, Charly et Herbert Kessler). Herbert Kessler nous fit une petite causerie sur le hockey sur glace. J’avais 16 ans et je buvais les paroles de « Hertli » Kessler ! Et de retenir ceci : « Lorsque vous vous entraînez, concentrez-vous sur l’entraînement de détail ». Ce qui signifiait : répéter, répéter encore, chaque geste du hockeyeur. Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage ! J’ai appliqué ce conseil durant toute ma carrière d’hockeyeur d’abord (de 1949 à 1964), de joueur de tennis ensuite (de 1953 à 1973).

Dans l’après-midi, quand nous sommes arrivés au Dolder, patinoire artificielle de Zurich, je vis pour la première fois de ma vie de la glace artificielle… C’est aussi la première fois que je voyais un match international de hockey, entre la Suisse et les Etats-Unis (j’avais 15 ans et demi), match amical remporté 6-4 par la Suisse. C’était les débuts d’une fameuse ligne d’attaque : Hans-Martin Trepp, les frères Ueli et Gebi Poltera, d’Arosa ! 

Ecouter les conseils des anciens ! Celui de 1946, par exemple…

Ce conseil s’adresse à tout jeune joueur ! Jeune homme à Tramelan, j’allais encore à l’école, j’avais d’yeux (et les oreilles donc !) que pour ces hockeyeurs habillés en orange de noir. Aucune parole ne m’échappait.

André Gerber « Buser » enseigna aux écoliers quelques rudiments du hockey, un certain samedi après-midi sur la Pati de Tramelan. Question patinage, il nous dit : « Quand vous patinez, à la fin de chaque balancement, ramenez toujours vos deux patins ensemble, ils doivent se toucher ! » Le balancement ainsi créé devient perpétuel. La vitesse de patinage se trouve maintenue sans difficulté aucune. L’inertie du patinage est maintenue sans difficulté.


Années difficiles pour la 1ère équipe de série A de Tramelan

En 1947, le HCT fut promu en série A. Et les années qui suivirent, 47-48, 48-49, 49-50, 50-51 virent le HCT occuper chaque fois la cave du classement. Même qu’en fin de saison 48-49, le HCT ne sauva sa place en série A qu’en battant Corgémont, champion romand de série B, qui aspirait à prendre la place du HCT en série A. Certes, Tramelan battit Corgémont 9-0 dans le match de promotion-relégation sur la patinoire de Tramelan, car la différence d’une classe à l’autre était vraiment importante, mais, pour les autres saisons, Tramelan ne resta en série A qu’à la faveur de l’augmentation des équipes en série A ! Le dernier restant automatiquement en catégorie supérieure.

Comme je fis mes débuts, dès 1949, dans une équipe perdante, je compris la douleur que peut éprouver un joueur de toujours perdre.


Occuper la cave du classement, cela suffit !

Le HCT prit en 1951 une décision géniale. Les dirigeants du HCT allèrent frapper à la porte de l’Ecole fédérale de gymnastique et de sport (EFGS) à Macolin.

Ainsi, Macolin devint le paradis des hockeyeurs tramelots. Nous étions le seul club de Suisse de hockey à avoir l’honneur des installations de Macolin. Ah, pour une idée géniale, ce fut une idée géniale !

Macolin offrit un univers nouveau aux « petits » hockeyeurs tramelots. Un univers fait de préparation physique intelligente, dans laquelle l’équation suivante prenait toute sa signification :

                 Forme = Entraînement + Repos

 Et, surtout, la découverte de l’entraînement fractionné (Interval training).

Cette méthode inventée par l’Allemand Waldemar Gerschler (dès 1939) fut mise en évidence par le coureur d’athlétisme tchèque Emil Zatopek (1922-2000). Cette nouvelle méthode, révolutionnaire s’il en fut, permit au coureur à pied Zatopek de battre plusieurs records du monde, 18 en tout. En 1952, la « Locomotive tchèque » gagna les médailles d’or des Jeux Olympiques d’Helsinki sur le 5’000 m, le 10’000 m et le marathon (42 km). 

Le matin, retour à la piste finlandaise pour une mise en train : entraînement fractionné de… 12 km !
 

Entraînement fractionné (Interval training)

Eric Grossenbacher

En 1950, quand j’ai débuté en 1ère équipe du H.C. Tramelan (1ère ligue jurassienne : équipes du Jura bernois d’alors, de Neuchâtel et de Fribourg) je suis arrivé dans une équipe perdante, une équipe de cave comme disent les Canadiens. L’élan insufflé par les anciens fondateurs du club en 1940 (ils avaient propulsé le H.C. Tramelan en 1ère ligue en 1947) était retombé avec les suivants. Tramelan végétait en queue de classement !

Il fallait absolument réagir… ce qui fut fait de magnifique façon : nos dirigeants prirent langue avec Macolin, pas moins ! Et nos joueurs de fouler les installations de Macolin, un paradis pour les sportifs…

Nous sommes à l’automne 1951, Tramelan vient de terminer sa 4e saison d’affilée en queue de classement (et de sauver une fois de plus sa place devant les équipes de 2e ligue), et voici Macolin. C’est Pierre Joos, instructeur, qui nous initia à l’entraînement fractionné.

Nous courrions sur la piste finlandaise de Macolin : une piste en boucle de 600 m de longueur, faite d’un lit de sciure. Imaginez une tranchée conçue pour recevoir des câbles de téléphone, mais au lieu de câbles on la remplit de sciure. Quelle souplesse ! Ce que le contact du pied peut être agréable sur un lit de sciure ! Le principe de l’entraînement fractionné est fort simple : c’est une alternance d’efforts et de repos. Imaginez un cycliste sur une route plate : il donne deux à trois tours de pédales rapides, puis repos… 5 à 10 mètres plus loin, il recommence, et ainsi de suite. A la course à pied, cela donne : sprint sur 3 à 4 m, puis on vit sur l’inertie de cet effort, en laissant couler…, puis on marche 5 à 10 m. Et on recommence ce manège un nombre de fois qui nous conduisit, lors de notre initiation, sur une distance totale de  7 km ! Résultat ? Pratiquement pas de fatigue ! Incroyable, quelle découverte pour nous qui venions de… Tramelan !

Le plus étonnant, après cette initiation, c’est d’avoir terminé par des exercices divers (surtout en forêt : slalom autour des arbres, saut par-dessus un vieux tronc coupé, etc.) par une partie de football sur une pelouse ad hoc, une pelouse comme on n’en avait jamais vue de pareille ! On faisait ce que l’on voulait de la balle. Fatigue ? Aucune fatigue… Le lendemain, soit le dimanche matin, retour à la piste finlandaise pour une mise en train : entraînement fractionné de… 12 km !

Et parlons respiration : tout en courant, ou marchant, nous aspirions de l’air deux fois de suite, puis expiration trois fois de suite. Et ainsi de suite !

A remarquer que le H.C. Tramelan était l’unique club de Suisse à avoir eu l’honneur de Macolin. Après Pierre Joos, nous eûmes le privilège de profiter de l’enseignement d’autres instructeurs, tels que « Taio » Eusebio, André Metzener, puis finalement Gaspard Wolf.

Tout ce que nous avons appris de ces instructeurs nous a profité par la suite. « Inutile d’aller à Macolin : il suffit de faire la même chose à Tramelan… » – dixit Gaspard Wolf !   

Cet entraînement fractionné, je l’ai inculqué à tous ceux qui ont été en contact avec moi, que ce soit en hockey sur glace… ou en tennis.

P.S.

En 1952, été-automne (21 juillet au 15 novembre) : Ecole de recrues de Colombier ! Là, le soir, il m’arrivait de m’éclipser pour pratiquer l’entraînement fractionné, en « cachette » pour ne pas être en retard dans ma préparation physique par rapport aux hockeyeurs de Tramelan qui, eux, auraient pris de l’avance sur moi dans leur préparation ! Et je tenais trop à être au top de ma condition physique pour attaquer la saison 1952/53 de hockey sur glace. C’est que l’entraînement fractionné était devenu une pratique « sacrée » pour les hockeyeurs tramelots !

Eric Grossenbacher, La Neuveville, octobre 2012
eric_grossenbacher@bluewin.ch

Et parlons respiration : tout en courant, ou marchant, nous aspirions de l’air deux fois de suite, suivies de trois expirations. Ainsi, sans discontinuer.

A remarquer que le H.C. Tramelan était l’unique club de Suisse à avoir eu l’honneur de Macolin. Après Pierre Joos, nous eûmes le privilège de profiter de l’enseignement d’autres instructeurs, tels que « Taio » Eusebio, André Metzener, puis finalement Gaspard Wolf.

Tout ce que nous avons appris de ces instructeurs nous a profité par la suite. « Inutile d’aller à Macolin : il suffit de faire la même chose à Tramelan… » – dixit Gaspard Wolf !  

Cet entraînement fractionné, je l’ai inculqué à tous ceux qui ont été en contact avec moi, que ce soit en hockey sur glace… ou en tennis.

Macolin, automne 1951

1ère rangée, de g. à dr. : Rénald Boillat, Pierre Joos (entraîneur physique de Macolin), Albert Voumard (dirigeant, coach du HCT), Bertrand Haeberli, André Gerber, André Jeandupeux  

Rangée du milieu, de g. à dr. : Gérald Hasler, Jeannot Vuilleumier, Raoul Châtelain, Pierre Benoit, Phanuel Baumann, Adrien Doriot

En haut, de g. à dr. : Eric Grossenbacher, Jeannot Boillat


De la cave au grenier !

La saison 51-52 qui suivit notre découverte de Macolin fut   un véritable enchantement. L’équipe perdante de 50-51 devint une équipe gagnante ! Qu’on en juge :

St-Imier – Tramelan  2 – 5                                                                  
Le Locle – Tramelan  2 – 4                                                           
Young Sprinters II  (Neuchâtel)  – Tramelan  1 – 3       
Tramelan – Le Locle  8 – 3                                                   
Tramelan – St-Imier   2 – 2                                                    
Tramelan – Y.S. II  8 – 1

En finale jurassienne, Tramelan battit Reuchenette (champion de l’autre groupe comprenant Corgémont, Sonceboz, Gottéron-Fribourg) sur patinoire neutre à Sonceboz, le 30.1.52, par 5 – 3 ! Il fallut 12 années pour que Tramelan batte enfin le H.C. Reuchenette, la meilleure équipe de série A de la région.

Tramelan, champion jurassien 1952 de hockey de série A !    La moyenne d’âge des joueurs : 25 ans.  

Entraînement physique et mental

Une équipe de hockey, telle celle du HCT des débuts, dès 1940, s’est toujours présentée sur la glace avec une préparation physique et mentale ad hoc.

De la façon suivante :

  • Condition physique
  • Entraînement de détail
  • Entraînement mental
  • Philosophie de vie

Condition physique

En plus des entraînements officiels d’équipe, les joueurs du HCT s’astreignaient à la pratique de différents sports d’été :    course à pied, football, lutte, équitation, cyclisme, athlétisme,  natation, tennis, tous des sports maintenant une condition physique impeccable à tout un chacun, selon les préférences des joueurs. La technique d’un joueur, quelle qu’elle soit, ne peut suppléer à la condition physique, base de tout sport.

Entraînement de détail

Chaque joueur pouvait s’exercer, en privé, à la répétition de chaque geste du hockeyeur, ils sont nombreux : tir au but (shoot), contrôle du puck avec la canne, exercices de patinage (même sans patins…) pour la musculation des jambes. Et nous en passons. Les situations possibles sont infinies. La répétition des gestes (des dizaines et des dizaines de fois), ce sont les gammes du pianiste, c’est le mur d’entraînement du joueur de tennis. L’entraînement de détail ? Indispensable !

Par exemple, pour tirer un penalty-shoot : bien respirer, profondément, avant de prendre son départ, patiner  lentement, regarder ce que fait le gardien adverse, bien contrôler son puck, s’approcher du but tout en amorçant des feintes de corps, vers la droite, vers la gauche, feinter le tir quand on est proche du gardien. Que fait le gardien, s’avance-t-il ? Reste-t-il dans sa cage ? L’avant a tout le temps d’observer cela, s’il ne va pas trop vite. L’art du penalty-shoot, c’est de faire tomber le gardien, soit d’un côté, soit de l’autre, par des feintes de tir. Un gardien à terre, c’est sa « mort ». Encore faut-il que l’avant ait le geste capital, ait la technique suffisante pour parachever son action. Lever le puck si le gardien est à terre, ou le contourner. S’il reste dans sa cage, le tir s’impose : choisir alors un côté avec conviction, surtout ne pas changer d’avis au dernier moment.

Si tous ces gestes indiqués ci-dessus ont été exercés maintes et maintes fois dans l’entraînement de détail, ce sera une satisfaction immense de tirer un penalty-shoot.

Surtout, à ne pas oublier, bien respirer à fond : cela enlèvera le trac !

Entraînement mental

Surtout à ne pas négliger, l’entraînement mental !                 
En pensée, se placer dans toute situation qui peut se présenter en match. Arriver seul devant le gardien adverse peut se répéter des fois et des fois en imagination : tir, feinte de tir, feinte à gauche, feinte à droite… L’entraînement mental est aussi important que l’entraînement réel.

Philosophie de vie

Brochant sur le tout, le comportement dans la vie du joueur est primordial : nourriture équilibrée, pas de fumée, pas d’alcool (ou si peu…), sommeil suffisant (la récupération est aussi importante que tout ce qui précède). Et c’est valable pour toute la vie !


Dès 1951-52, tout changea …

Le HCT devint une équipe de tête de série A. Fini la cave ! Et Tramelan de caracoler dans le haut du classement. A un point tel, que nos dirigeants tentèrent un grand coup : engager un joueur-entraîneur pour nous élever encore plus haut. Le choix se porta sur Vlastimil Suchoparek « Sucho », un Tchèque ayant joué en Suisse avec Arosa et La Chaux-de-Fonds.

L’équipe de « Sucho »  (1954-56)

Ayant désormais une équipe  de haut de classement en série A, le H.C. Tramelan eut tout à coup des « idées de grandeur » : engager un joueur-entraîneur ! Ce qui fut fait en la personne de Vlastimil Suchoparek, « Sucho » pour les joueurs tramelots. Cet entraîneur tchèque apporta un style de jeu inconnu à ce jour à Tramelan. Cela commença par les chaussures : renforcement de l’arrière, là où le talon prend son assise. L’atelier de cordonnerie Viatte fut mis à contribution pour satisfaire toute une équipe ! Et cela continua par le coude des cannes de hockey : à l’aide d’une lime on façonna un arrondi, de même qu’à l’extrémité de la lame. Ainsi, on « sentait mieux » le puck lors de son contrôle.

Le patinage, le jeu d’équipe « à la tchèque », donna un style à une très bonne équipe de série jurassienne.

Hélas, trois fois hélas… la glace manqua terriblement à Tramelan. Deux seuls matchs, en tout et pour tout, de championnat à Tramelan ! Tramelan s’imposa facilement contre Le Locle (10-2), mais plus difficilement contre Reuchenette (2-1).

Et ce fut la finale jurassienne de série A disputée à La Chaux-de-Fonds contre St-Imier. Finale gagnée 3-2 par St-Imier après prolongation.

Pas de chance, donc, pour cette première saison de Suchoparek à Tramelan. Il n’aura manqué qu’une chose à son travail : de la glace !

En fin de saison, le 2 mars 1955, un match de gala fut joué à Tramelan contre La Chaux-de-Fonds I qui venait d’être promu en ligue nationale A. Le 20 février, au Dolder de Zurich, La Chaux-de-Fonds battit St-Moritz 10-1 en match ascension-relégation. Les « Meuqueux » se présentèrent à Tramelan avec leur vedette Domenico, un Canadien à la classe époustouflante.  Cette partie se termina sur le score de 7-12 pour les joueurs des Montagnes neuchâteloises. Tramelan joua crânement sa chance et donna une réplique plus qu’honorable à Domenico et ses joueurs.

Pour ne pas allonger ce récit, disons qu’en début de match, La Chaux-de-Fonds mena très rapidement à la marque 3-1. Mais Tramelan égalisa à 3 partout en rien de temps. Domenico alors ne quitta plus la glace et assura à lui seul, ou presque, le score final de 7-12 ! Une prestation de classe.

Seconde et dernière saison de Suchoparek à Tramelan

Si l’hiver 54-55 fut catastrophique quant à la pratique du hockey, celui qui suivit fut tout autre. Le H.C. Tramelan s’illustra dans la Coupe cantonale bernoise réservée aux équipes de série A. Après avoir battu successivement Reuchenette (2-1), puis Konolfingen (8-4), Tramelan remporta la finale jouée à Sonceboz le 22 février 56 sur le score de 8-4 contre Corgémont : 5 buts de « Sucho » en plus des deux de Jean Streiff… et un auto-goal de Corgémont.

En championnat de série A, Tramelan termina second, derrière La Chaux-de-Fonds II, renforcé par Willy Pfister (transfuge du C.P. Berne) qui ne pouvait jouer qu’en 2e équipe vu qu’il purgeait une année d’attente (tel était le règlement !) avant de jouer en 1ère équipe au H.C. La Chaux-de-Fonds.

Vlastimil Suchoparek aura laissé un excellent souvenir de son passage de deux ans à Tramelan. Le style « Sucho », le jeu « à la tchèque », sa philosophie du hockey, restèrent longtemps gravés dans la mémoire des joueurs tramelots.

A noter également les grands froids que connut ce mois de février 1956, dans lequel on nota jusqu’à – 25o Celsius à Tramelan. A titre d’exemple, le lac de Bienne fut entièrement gelé (42 cm de glace !).

Quelques réflexions et conseils de « Sucho »

  • Sur la glace, à l’entraînement, il répétait inlassablement : « Patinez, patinez, patinez ! »
  • Dans le vestiaire, au repos des tiers-temps, silence absolu : « Respirez, respirez, respirez ! »
  • A propos des arbitres : « Ce n’est pas à vous, joueurs, de critiquer les arbitres ; votre job c’est de jouer, et non d’arbitrer… »

L’après « Sucho »

Les années qui suivirent l’ère Suchoparek furent contrastées, finale jurassienne de Série A en 56-57, perdue contre St-Imier (4-2 à La Chaux-de-Fonds), mais match de barrage l’année suivante, en 57-58, pour ne pas couler en Série B : victoire des Tramelots contre Reuchenette par 6-2. Cela alla un peu mieux en 58-59 pour Tramelan : 3e du classement de Série A jurassienne.

De 1959 à 61, Tramelan retrouva à nouveau une équipe compétitive de haut de classement. Deuxième derrière Fleurier (qui disposait d’une patinoire artificielle) en 59-60, et à nouveau 2e l’année suivante, en 60-61, derrière Reuchenette (renforcée par plusieurs anciens joueurs biennois).

Ce qui caractérisa la saison 60-61, c’est la Coupe cantonale bernoise. En effet, Tramelan, en battant  successivement     St-Imier (patinoire artificielle) 4-1, puis  Crémines (Série B)  15-1, ensuite Bümpliz BE (Série A) 8-1, s’offrit l’insigne honneur de jouer le match suivant contre le C.P. Berne (Ligue nationale A) !

A cette époque, jouer contre une Ligue nationale A était une aubaine incroyable. Qui plus est ancienne championne de Suisse (1959) ! Et avec des joueurs internationaux dans ses rangs : René Kiener (gardien de l’équipe Suisse), Stammbach et Diethelm…

Pour Tramelan, ce match aura été un événement sans pareil dans toutes ses vingt premières années. Nous nous sommes engagés dans ce match joué à la Ka-We-De de Berne, le dimanche soir 19 février 1961, non pas pour jouer fermé (centre, repli immédiat des 5 joueurs devant  notre cage, et dégagement des pucks aussi loin que possible…).              Au contraire, Tramelan a joué ouvert, avec un seul désir : marquer au moins un but à Kiener !

Ô, quel match ! Berne joua lui aussi le jeu ouvert… en nous enfilant 24 buts… Vingt-quatre buts, oui, mais Tramelan en marqua 3 à Kiener ! Le public (il devait bien y avoir 600 personnes ce soir-là) ne s’y trompa pas : il applaudit à tout rompre les buts tramelots. Car match il y a eu, et spectaculaire au plus haut point. Le « Bund », journal bernois du lundi le remarqua :                                                           « Tramelan (1ère ligue) mérite des compliments pour sa façon de jouer offensivement. Jamais les visiteurs ne se tinrent sur la défensive dans le but de fermer le jeu, mais au contraire profitèrent au mieux de chaque occasion ».

Citons les 3 buts tramelots :

  • Solo de Jean-Pierre Bottinelli
  • Charles Etienne (passe en profondeur d’Eric Grossenbacher)
  • Eric Grossenbacher (berna Kiener, sorti de sa cage)

Le deuxième but tramelot fut une petite merveille de jeu collectif : J.-P. Bottinelli au centre de la patinoire reçut une passe de nos arrières et, à la ligne rouge, dévia le puck à droite à Eric Grossenbacher « Ricous », placé à la ligne bleue d’attaque ; « Ricous », voyant Charles Etienne foncer sur le côté gauche de la patinoire en direction du but bernois, lui glissa le puck dans le dos des défenseurs bernois. Charles Etienne,  d’une reprise directe, fusilla Kiener à bout portant.

Probablement un des plus beaux buts tramelots jamais marqués ! Et ce le fut contre le C.P. Berne…


C’est à ce stade que tout commence !

C’est dans l’enfance, c’est sur la route, c’est sur les places de garages, c’est là que tout commence. Il y a les matchs de quartiers, la « Gare » contre le « Bas-du », l’Ecole primaire contre l’Ecole secondaire… Et de là à passer sur la grande « pati », il n’y a qu’un pas.

Oui, c’est dans l’enfance que se forment les hockeyeurs de 1ère équipe. Les bons joueurs sont appelés à grimper les échelons. Ils sont vite repérés les bons joueurs. Déjà enfants, ils étaient bons. Jouer en 1ère équipe a toujours été un appel venant d’en haut.

Il y a des exceptions. Nous avons connu de très bons joueurs écoliers qui n’ont pas poursuivi, dès leur école terminée. Ils avaient leurs raisons. D’autres, en revanche, sont devenus d’excellents hockeyeurs de hockey, à l’âge adulte.

Tramelan – Tavannes  3 – 2

Match d’écoliers, hiver 1953-54

Team tramelot

Derrière, de g. à dr. : Philippe Jeanrichard, François Joly, Gérard Stampbach, Renaldo Ciampi, Jeannot Etienne,  Pierre-André Perrin,  Michel Fleury, Jean-Pierre Citherlet        
Devant, de g. à dr. : Joseph Cossavella, Willy Huguenin, Jean Dellenbach, Alain Vuilleumier, Agénor Baumann, Jean-Claude Vuilleumier « Kimousse »


De tout temps, les joueurs ont été émerveillés par les vedettes évoluant au plus haut niveau

Ainsi, quand j’entendais parler nos pionniers du hockey tramelot, dans les années 40, ils étaient pleins d’admiration au sujet de Bibi Torriani, des frères Cattini, de Badrutt (tous de Davos). Puis vint mon tour de découvrir, dès 1948, et au fil des ans, de nouveaux noms : Trepp (Arosa), Domenico (La Chaux-de-Fonds), Jacques Lemaire (Canadiens de Montreal), Wayne Gretzky (alors aux Rangers de New York),  Steve Yzerman (Detroit Red Wings), Aleksander Yakuchev (CSKA Moscou), Reijo « Rexi » Ruotsalainen (C.P. Berne)…

Jacques Lemaire vint jouer deux saisons (1979-81) au H.C. Sierre en ligue nationale B, à la fin de sa carrière de NHL. Lorsque Sierre joua à Lyss, je fis le déplacement pour voir évoluer Jacques Lemaire. Je ne vis pas le match, je ne vis que Jacques Lemaire… En rentrant à la maison, après le match, je me disais : « Si j’étais entraîneur d’une formation de hockey, je filmerais Jacques Lemaire, pour le donner en exemple à mes joueurs » ! Il était parfait, avec ou sans le puck.

Et s’il y eut un coach intelligent, ce fut bien Anatoli  Tarassov (nommé au Temple de la Renommée de la NHL au Canada en 1974, et à celui de la Fédération internationale (IIHF) en 1997). C’est Tarassov qui amena le hockey russe au firmament du hockey mondial !


Gaston Gagnebin « Tonton », fin connaisseur

Du Progrès (15.2.1984) :

« Impressionné par l’exhibition des Pros de la NHL à Genève, le samedi 2 mai 1959, de même que le dimanche 3, je me rendis le samedi suivant, le 9 mai, à Zurich pour les voir une 3e fois ! C’étaient les « Bruins » de Boston et les « Rangers » de New York qui étaient venus en Europe pour une vingtaine de parties, tournée de démonstration.

Avant la partie, qui vis-je arriver ? Gaston Gagnebin « Tonton », Tramelot exilé à Bâle, qui avait fait le déplacement pour voir ces Pros canadiens dont on disait tant de bien. A la fin du 1er tiers-temps, « Tonton » vint nous retrouver et s’exclama : « Vous vous rendez compte de ce que doivent faire les avants pour marquer un but ? ». « Tonton », fin connaisseur, résuma en une phrase le spectacle que les Pros présentaient au public suisse ».

Match de fin de saison

A la fin de chaque saison, quand il y avait de la glace !, il était coutume de jouer une dernière partie à Tramelan. C’était vers la fin février, parfois début mars. Telle cette partie contre Blue Star de Lausanne, en fin de saison 53-54, gagnée après une splendide démonstration de Tramelan 7-3. A remarquer sur la photo, au centre en manteau, Albert Voumard qui fut à la tête du HCT dès 1940, comme président, joueur, entraîneur… et même coach en 1954 !

Last but not least

Il serait malséant de ne pas citer, et les présidents, et les secrétaires, et les caissiers, et les entraîneurs.

Présidents : Albert Voumard (1940-45), Edward Nicolet (1946-48), Jean Streiff (1949), Louis Jeandupeux (1950-56), André Gerber (1957-59), Frédéric Leresche (1060-61)

Secrétaires : André Jeandupeux (1940-1955), Frédéric Leresche (1956-59), Pierre Châtelain (1960-61)

Caissiers : Louis Benoit (1940-45), Benjamin Gindrat (1946), Georges Hasler (1947-49), Raoul Chatelain (1950-52), Serge Vuille (1953-56), Louis Châtelain (1957- 58), Pierre Gagnebin (1959-60), Charles Burki (1961)

Entraîneurs : Albert Voumard (1940-1944), Othmar Delnon (1945), Jean Streiff (1946-49), André Gerber (1950-51), Tommy Durling (1952), André Gerber (1953-54), Vlastimil Suchoparek (1955-56), Pas d’entraîneur attitré (1957-58),            Eric Grossenbacher (1959-61)


Honorariat

Président d’honneur : 

1956  Albert Voumard 

Membres d’honneur :  

1956  André Jeandupeux                                                             
1956  Louis Jeandupeux                                                                   
1960  André Gerber                                                                
1960  Georges Rohrer                                                                     
1960  Serge Vuille                                                                             
1960  Jean Vuilleumier

 *  *  *

Eric Grossenbacher « Ricous »

A été témoin de toute cette période 1940-61 du HCT, d’abord en tant que spectateur (1940-49), puis en qualité de joueur (1949-61).

A été nommé « Membre d’honneur » du HCT en 2015          

La Neuveville, oct. 2017